Rechute dépression : Repérer les Signes, Prévenir et Agir

Sommaire :

Le chemin vers la guérison n’est pas linéaire. 

La rechute dépressive, ce retour redouté des symptômes après une période d’amélioration, est une réalité à laquelle il est possible d’être confronté·e.

Mais la rechute, bien que difficile, n’est pas une fatalité ni un échec.

Elle fait partie du processus de guérison pour de nombreuses personnes souffrant de dépression.

Et avec les bonnes stratégies et un soutien adéquat, il est possible non seulement de surmonter une rechute, mais aussi de réduire significativement le risque qu’elle se produise.

Ainsi, je vous propose aujourd’hui de découvrir :

  • Ce qu’est une rechute ;
  • Les signes annonciateurs ;
  • Que faire en cas de rechute ;
  • Pourquoi elle se produit ;
  • Et comment la prévenir.

Sommaire :

Dépression : qu'est-ce qu'une rechute ?

On parle de rechute, en cas de réapparition des symptômes dépressifs durant la période de rémission.

Soigner une dépression prend du temps, et se fait en deux étapes : Il y a d’abord la période de rémission qui dure 6 à 12 mois puis le rétablissement, aussi appelé la guérison.

La rémission est une période critique durant laquelle les symptômes diminuent petit à petit en nombre et en intensité sans pour autant disparaître complètement.

On se sent mieux et on a l’impression de revenir à un “état normal”.

Il est alors tentant de se dire qu’on peut arrêter sa psychothérapie ou son traitement médicamenteux.

Et ce sont malheureusement des éléments qui peuvent précipiter une rechute.

En effet, quatre malades sur dix ne respectent pas la stratégie thérapeutique décidée avec leur praticien et arrêtent les médicaments après moins de trois mois de traitement, sans en parler avec leur médecin.

Et ce n’est pas sans conséquences.

50 % de personnes dépressives font une rechute

Selon diverses études, après un premier épisode dépressif, plus d’un patient sur deux en fera un deuxième.

Et malheureusement, ce risque augmente avec le nombre d’épisodes dépressifs vécus : après un deuxième épisode, il est de 70%. Après un troisième épisode, il est de 90%.

Risquez-vous de faire une rechute ?

Il n’existe pas de profil type en ce qui concerne les rechutes ou les récidives. Tout le monde peut être concerné.

Cependant, certains facteurs augmentent le risque :

  • Âge avancé : En vieillissant, le risque de développer des rechutes dépressives augmente. Les mécanismes biologiques, ainsi que les changements de vie liés à l’âge (retraite, perte d’autonomie, isolement), peuvent jouer un rôle dans cette vulnérabilité accrue.
  • Début précoce : Les personnes ayant vécu une première dépression à un jeune âge sont plus susceptibles de connaître des épisodes récurrents. Un début précoce de la dépression peut indiquer une prédisposition plus forte, ce qui rend la personne plus vulnérable aux rechutes.
  • Sévérité de la dépression initiale : Plus le premier épisode dépressif a été intense, plus il est probable que la personne soit à risque de connaître un autre épisode. La sévérité peut affecter la capacité du cerveau à se remettre entièrement, créant ainsi une fragilité sous-jacente qui peut entraîner une rechute.
  • Anxiété associée : Environ la moitié des personnes dépressives souffrent également de troubles anxieux. Cette combinaison augmente le risque de rechute, car l’anxiété fragilise et complique la réponse au traitement. L’anxiété chronique peut rendre la gestion du stress plus difficile et intensifier les symptômes dépressifs.
  • Dépendance à l’alcool et aux drogues : Une dépendance à l’alcool ou à d’autres substances augmente considérablement le risque de rechute dépressive. Les substances peuvent non seulement aggraver les symptômes dépressifs mais également réduire l’efficacité des traitements. La dépendance entraîne souvent des comportements d’évitement qui compliquent la prise en charge de la dépression.
  • Arrêt prématuré du traitement : De nombreuses personnes cessent leur traitement antidépresseur dès qu’elles se sentent mieux, ce qui peut conduire à une rechute. Le traitement doit être poursuivi pendant plusieurs mois après la disparition des symptômes pour consolider les effets. Un arrêt brusque peut provoquer une résurgence des symptômes, raison pour laquelle il est essentiel de réduire le traitement progressivement et sous la supervision d’un professionnel.

En comprenant ces facteurs, il devient plus facile de reconnaître les signes avant-coureurs et de prendre les mesures nécessaires pour prévenir une rechute.

L’impact potentiellement négatif de certaines approches

Il est important de noter que certaines approches, bien qu’elles puissent être bénéfiques pour certaines personnes, peuvent avoir un impact négatif sur d’autres en termes de risque de rechute.

Par exemple :

  • La mindfulness : Bien que généralement bénéfique, certaines formes de méditation peuvent parfois exacerber les symptômes dépressifs chez certaines personnes, notamment en augmentant la rumination.
  • L’hypnose : Bien qu’elle puisse être utile dans certains cas, elle doit être pratiquée avec précaution et par des professionnels qualifiés, car elle peut potentiellement raviver des traumatismes ou des émotions difficiles.

Il est crucial de discuter de ces approches avec un professionnel de santé avant de les intégrer à sa stratégie de gestion de la dépression.

Comment prévenir une rechute ?

Quelques précautions peuvent vous aider à prévenir d’une rechute dépressive.

Kit de rechute

La préparation est essentielle dans la gestion d’une potentielle rechute. Un « kit de rechute » est un outil précieux qui peut vous aider à réagir efficacement dès les premiers signes.

Ce kit doit être préparé pendant une période de stabilité et contenir :

  • Les coordonnées complètes de votre médecin traitant, psychiatre et psychologue/psychothérapeute
  • Une liste détaillée des symptômes à surveiller, personnalisée selon vos expériences précédentes
  • Un inventaire des stratégies de coping qui ont prouvé leur efficacité lors de vos précédents épisodes dépressifs
  • Les numéros d’urgence locaux et nationaux, ainsi que les contacts de lignes d’écoute spécialisées
  • Une liste de personnes de confiance à contacter en cas de besoin
  • Un journal de bord pour suivre l’évolution de vos symptômes et de votre humeur
  • Des rappels de vos raisons de vivre et de vos objectifs à long terme

Poursuivre son traitement antidépresseur pour limiter les rechutes

Il est essentiel de continuer à prendre les médicaments antidépresseurs selon les recommandations du médecin, même après la disparition des symptômes.

Cette phase de « maintien » peut durer de plusieurs mois à plusieurs années, selon l’historique de la maladie et les facteurs de risque individuels.

L’arrêt prématuré du traitement est l’une des principales causes de rechute.

Un suivi médical régulier

Un suivi médical et psychothérapeutique régulier est essentiel pour prévenir les rechutes dépressives. Les rendez-vous médicaux permettent d’évaluer l’efficacité du traitement, d’ajuster les médicaments si nécessaire et de surveiller l’évolution de la santé mentale et physique.

La psychothérapie, notamment la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), aide à explorer ses émotions, développer des stratégies d’adaptation, et identifier les signes précoces de rechute, comme des troubles du sommeil ou une perte d’intérêt.

Un point clé est de continuer à surveiller ses pensées automatiques négatives, qui peuvent réapparaître sans que l’on s’en rende compte. En les reconnaissant et en les restructurant, on réduit le risque de rechute.

Hygiène de vie

Adopter une bonne hygiène de vie est essentiel pour prévenir les rechutes dépressives. Les principaux aspects à considérer sont :

  • Le sommeil : Un cycle de sommeil régulier (7-9 heures par nuit) est crucial pour l’humeur et les fonctions cognitives.
  • L’alimentation : Une alimentation équilibrée, riche en nutriments essentiels (fruits, légumes, protéines, oméga-3), aide à stabiliser l’humeur. Limitez alcool et caféine.
  • L’Activité physique : L’exercice régulier booste les endorphines et réduit le stress.
  • La Gestion du stress : Certaines techniques comme la cohérence cardiaque et la respiration abdominale aident à calmer l’esprit et à mieux gérer le stress.
  • Le Soutien social : Maintenir des relations positives et participer à des groupes de soutien renforce la résilience et offre un appui émotionnel en cas de difficulté.

En intégrant ces stratégies de prévention des rechutes dans la vie quotidienne, il est possible de réduire significativement le risque de récurrence de la dépression et de maintenir une stabilité émotionnelle à long terme.

Cependant, il est important de se rappeler que chaque individu est unique et que les stratégies les plus efficaces peuvent varier d’une personne à l’autre. Il peut être utile de travailler avec un·e professionnel·le de santé mentale pour développer un plan de prévention des rechutes personnalisé.

Photographie d'une femme qui dort

Êtes-vous en train de faire une rechute ?


Reconnaître les signes précoces d’une rechute de dépression est essentiel pour intervenir rapidement et potentiellement prévenir un épisode dépressif complet. Voici quelques symptômes à surveiller :

  • Changements d’humeur : Une augmentation de la tristesse, de l’irritabilité ou de l’anxiété peut être un signe précoce.
  • Troubles du sommeil : Des difficultés à s’endormir, des réveils fréquents pendant la nuit, ou au contraire, un besoin excessif de sommeil peuvent indiquer une rechute.
  • Changements dans l’appétit : Une perte d’appétit ou, à l’inverse, une augmentation de la consommation alimentaire, en particulier d’aliments réconfortants, peut être un signe.
  • Perte d’intérêt : Un désintérêt croissant pour les activités habituellement appréciées peut être un symptôme précoce.
  • Fatigue : Une augmentation de la fatigue ou une baisse d’énergie, même après un sommeil suffisant, peut être un signe de rechute.
  • Difficultés de concentration : Des problèmes de concentration ou de prise de décision peuvent indiquer le début d’un épisode dépressif.
  • Pensées négatives : Une augmentation des pensées pessimistes ou d’autocritique peut être un signe précoce.
  • Isolement social : Une tendance accrue à s’isoler ou à éviter les interactions sociales peut indiquer une rechute.
  • Symptômes physiques : Des maux de tête, des douleurs musculaires ou des problèmes digestifs inexpliqués peuvent parfois accompagner une rechute de dépression.
  • Négligence de soi : Un manque d’attention à l’hygiène personnelle ou aux responsabilités quotidiennes peut être un signe de rechute.

Il est important de noter que ces symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre et que leur présence ne signifie pas nécessairement une rechute.

Cependant, si on remarque plusieurs de ces signes persistant pendant plus de deux semaines, il est recommandé de consulter un·e professionnel·le de santé.

Que faire en cas de rechute Dépressive ?

Il existe plusieurs étapes à mettre en place en cas de suspicion de rechute dépressive :

Importance d'une intervention rapide

La rapidité d’action est cruciale dans la gestion d’une rechute dépressive. Plus tôt vous intervenez, plus vous avez de chances de limiter la sévérité et la durée de l’épisode. Voici les actions à entreprendre dès que vous suspectez une rechute :

  • Contactez immédiatement votre médecin ou votre thérapeute pour programmer une consultation urgente
  • Informez vos proches de confiance de la situation pour bénéficier de leur soutien
  • Mettez en place sans attendre vos stratégies de self-care : respectez une routine de sommeil régulière, pratiquez des exercices de relaxation, maintenez une alimentation équilibrée
  • Réduisez autant que possible les facteurs de stress dans votre environnement
  • Utilisez les outils de votre kit de rechute

Le rôle des antidépresseurs dans la prévention des rechutes

Les antidépresseurs jouent un rôle crucial dans la prévention et la gestion des rechutes dépressives. Leur utilisation doit être encadrée par un·e professionnel·le de santé.

Il est essentiel de ne jamais arrêter ou modifier son traitement antidépresseur sans l’avis et le suivi d’un médecin, même en cas d’amélioration significative.

En cas de signes précurseurs de rechute, il est important de discuter avec votre médecin de l’éventualité d’ajuster le dosage ou de changer de molécule.

Il faut comprendre que le traitement antidépresseur à long terme, parfois sur plusieurs années, peut être nécessaire pour prévenir efficacement les rechutes, particulièrement après des épisodes dépressifs multiples ou sévères.

Les améliorations peuvent être progressives et il peut y avoir des hauts et des bas pendant le traitement. La persévérance est donc cruciale pour atteindre et maintenir une rémission durable.

Il est crucial d’être attentif aux effets secondaires potentiels et de les signaler à votre médecin.

Enfin, pour maximiser son efficacité, il est recommandé d’associer systématiquement le traitement médicamenteux à un suivi psychothérapeutique.

Photographie d'une personne en thérapie dépression

Intensification de la psychothérapie

La psychothérapie est un pilier essentiel dans la prévention et la gestion des rechutes dépressives.

En cas de signes avant-coureurs ou de rechute avérée, il est souvent bénéfique d’intensifier le suivi psychothérapeutique.

Cela peut impliquer d’augmenter la fréquence des séances, passant par exemple d’un rythme mensuel à hebdomadaire.

Il est important de travailler spécifiquement avec votre thérapeute sur l’identification et la gestion des facteurs déclencheurs de la rechute.

Apprendre et pratiquer de nouvelles techniques de coping adaptées à votre situation actuelle fait partie intégrante de ce processus.

Il est également bénéfique d’explorer en profondeur les schémas de pensée et les comportements qui peuvent contribuer à la rechute.

Si nécessaire, l’intégration d’approches thérapeutiques complémentaires, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), peut être envisagée.

Arrêt maladie et dépression

Dans certaines situations, un arrêt maladie peut s’avérer nécessaire pour se concentrer pleinement sur son rétablissement et éviter une aggravation de l’état dépressif.

Il est important de discuter ouvertement de cette option avec votre médecin traitant ou votre psychiatre.

Cette période peut être utilisée pour mettre en place des stratégies de rétablissement intensives, telles qu’un suivi médical rapproché, des séances de psychothérapie plus fréquentes, et la pratique quotidienne d’activités bénéfiques pour votre santé mentale.

Enfin, cet arrêt peut être l’occasion de réévaluer vos priorités de vie et d’envisager d’éventuels changements bénéfiques à long terme pour votre santé mentale.

Que retenir ?

😊 Le chemin vers la guérison n’est pas linéaire : La rechute fait partie du processus de guérison pour de nombreuses personnes souffrant de dépression.

🔄 La rechute dépressive n’est pas un échec : Elle peut être surmontée avec les bonnes stratégies et le soutien adéquat.

👀 Savoir reconnaître les signes avant-coureurs : Il est crucial d’identifier les symptômes précoces pour agir rapidement.

🛠️ Préparez un « kit de rechute » : Anticiper avec des outils pratiques peut faire la différence en cas de rechute.

💊 Suivi médical et traitement : Poursuivre son traitement et maintenir un suivi psychothérapeutique régulier est essentiel pour éviter la rechute dépressive

🧘‍♂️ Hygiène de vie et gestion du stress : Sommeil, alimentation, activité physique, et soutien social sont des clés de prévention.

🗣️ N’hésitez pas à demander de l’aide : En cas de rechute, une intervention rapide et un soutien adapté sont indispensables pour éviter une aggravation.

Questions fréquentes

Une rechute peut survenir malgré un traitement en cours, mais cela ne signifie pas l’échec. Il est essentiel de consulter rapidement un médecin pour ajuster le traitement (dose, type de médicament, ou approche thérapeutique). Cela permet de limiter la durée et l’intensité de la rechute.

Certaines personnes subissent des rechutes fréquentes, nécessitant une approche multidisciplinaire (psychiatre, psychologue, médecin). Des traitements plus intensifs comme la stimulation magnétique transcranienne (TMS) ou l’électroconvulsivothérapie (ECT) peuvent être envisagés dans ces cas.

En cas de rechute nécessitant un arrêt de travail, il est important de suivre les démarches administratives (arrêt de travail, informer l’employeur, droits aux indemnités). Un retour progressif au travail via un mi-temps thérapeutique peut être envisagé, sous la supervision du médecin.

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