Burn-out et Dépression au Travail : Reconnaître et Agir (2025)

Sommaire :

Et si notre mal-être au travail cachait une dépression ?

Cette question mérite d’être posée quand la fatigue devient écrasante, quand notre travail perd son sens, quand chaque matin devient un défi.

La bonne nouvelle ? Une prise en charge adaptée permet de s’en sortir.

Dans cet article, découvrons ensemble comment repérer les signes de la dépression au travail et explorer les solutions concrètes pour retrouver un épanouissement professionnel.

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En Bref :

📋 Identifier les signes : La dépression au travail se manifeste par une tristesse persistante, une perte d’intérêt, une fatigue intense et des difficultés de concentration impactant la vie professionnelle pendant plus de 2 semaines.

👩‍⚕️ Distinguer les troubles : Ne pas confondre dépression (qui affecte toutes les sphères de la vie), burn-out (spécifique au travail) et troubles anxieux. Chacun nécessite une prise en charge différente.

💊 Mettre en place un traitement : Combiner psychothérapie (TCC, thérapie interpersonnelle) et antidépresseurs si nécessaire. Le traitement est personnalisé et permet souvent de continuer à travailler après la période d’adaptation.

🏥 Gérer l’arrêt de travail : Un arrêt de 2 à 6 mois peut être nécessaire pour se soigner. La durée dépend de la sévérité des symptômes et du rythme de récupération de chacun·e.

🤝 Faire reconnaître la maladie : Des démarches existent pour faire reconnaître la dépression comme maladie professionnelle ou obtenir une inaptitude temporaire/définitive, permettant une meilleure prise en charge.

Sommaire :

La dépression au travail, c'est quoi exactement ?

La dépression au travail touche environ 15 % des français·es au cours de leur carrière. Ce chiffre, en constante augmentation, fait de cette maladie un véritable enjeu de santé publique.

Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Pour bien comprendre ce phénomène, il est essentiel de distinguer trois troubles qui peuvent sembler similaires mais nécessitent des approches thérapeutiques différentes.

La dépression

La dépression peut être causée par un ensemble de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux, qui affectent tous les aspects de la vie.

Elle se manifeste par des symptômes caractéristiques :

  • Une tristesse persistante et une perte d’intérêt pour les activités habituelles.
  • Une grande fatigue, accompagnée de troubles du sommeil ou de l’appétit.
  • Un sentiment d’inutilité, de culpabilité, ou parfois des idées noires.

Dans un cadre professionnel, la dépression peut entraîner :

  • Des difficultés à maintenir des relations avec les collègues : davantage de conflits, une irritabilité…
  • Une baisse significative de la productivité.
  • Une augmentation des absences ou des erreurs inhabituelles dans le travail, occasionnant un cercle vicieux qui conduit à perdre davantage confiance en soi.
  • Une difficulté accrue à prendre des décisions.

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Le Burn-out

Le burn-out, ou épuisement professionnel, est une réponse directe à un stress chronique et excessif au travail. Il est généralement attribué à l’environnement professionnel et se caractérise par :

  • Un épuisement intense, aussi bien physique qu’émotionnel, souvent accompagné d’un sentiment de ne jamais pouvoir récupérer, même après du repos. Cet épuisement est parfois décrit comme un sentiment de vide intérieur.
  • Un détachement progressif, un fonctionnement en pilote automatique, une attitude froide voire du cynique.
  • Une baisse marquée de l’efficacité et une impression de ne plus être capable d’accomplir ses tâches.

Le burn-out peut s’améliorer en changeant de conditions de travail ou en prenant un repos prolongé (qui se situe généralement entre 3 semaines et 3 mois).

Si le repos et la mise à distance du travail ne permettent pas une amélioration des troubles, il convient d’évoquer un autre trouble comme une dépression.

De même, si le burnout n’est pas pris en charge, il risque d’évoluer vers une dépression, un trouble anxieux ou d’autres pathologies médicales.

Photographie d'un homme d'affaires en psychothérapie suite à un burn out

Les troubles anxieux

Le trouble anxieux généralisé, qui accompagne souvent la dépression, se caractérise par des inquiétudes excessives et persistantes. Dans le contexte professionnel, ils peuvent se manifester par :

  • Des pensées anxieuses récurrentes concernant le travail
  • Une anticipation excessive des problèmes potentiels
  • Des comportements d’évitement de certaines situations professionnelles
  • Des difficultés à prendre des décisions par peur de l’erreur

Ces trois troubles peuvent coexister ou se succéder.

Par exemple, un burn-out non traité peut évoluer vers une dépression, souvent accompagnée de symptômes anxieux.

C’est pourquoi un diagnostic précis est essentiel pour une prise en charge adaptée.

Comment reconnaître les signes de la dépression au travail ?

La dépression est bien plus qu’une simple baisse de moral passagère.

C’est une maladie qui affecte profondément notre fonctionnement au quotidien.

Voici les signes qui doivent nous alerter :

  • Un sentiment de tristesse ou de vide persistant
  • Une perte d’intérêt pour les activités habituelles
  • Des difficultés de concentration et de mémoire
  • Une baisse de l’estime de soi
  • Des pensées négatives récurrentes
  • Une fatigue écrasante qui ne s’améliore pas avec le repos
  • Des troubles du sommeil (difficultés à s’endormir ou à rester endormi·e)
  • Des maux de tête fréquents
  • Des changements dans l’appétit et le poids

Ces symptômes, lorsqu’ils persistent plus de deux semaines et impactent notre travail, peuvent signaler une dépression professionnelle qui nécessite une prise en charge adaptée.

Pourquoi tombe-t-on en dépression au travail ?

La dépression liée au travail est un phénomène complexe qui implique de multiples facteurs.

Les mécanismes biologiques

Comme toute dépression, la dépression professionnelle implique des changements biologiques dans notre cerveau.

Un stress professionnel prolongé peut perturber l’équilibre de nos neurotransmetteurs, notamment la sérotonine et la dopamine.

Cette modification chimique influence directement notre humeur, notre motivation et notre énergie.

Le rôle de l’hérédité

Les facteurs héréditaires jouent également un rôle. Certaines personnes peuvent être génétiquement plus sensibles aux troubles dépressifs.

Cette prédisposition ne signifie pas que la dépression est inévitable, mais elle peut nous rendre plus vulnérables face aux situations stressantes.

Les facteurs professionnels déclencheurs

L’environnement de travail peut créer des conditions propices au développement d’une dépression :

  • Une charge de travail excessive et chronique ou au contraire un manque de travail (placardisation)
  • Un manque de reconnaissance persistant
  • Des conflits de valeurs avec l’entreprise
  • L’isolement, particulièrement en télétravail
  • Une pression constante sur les résultats

L'impact de notre vie personnelle

Notre situation personnelle influence également notre vulnérabilité à la dépression.

Des événements stressants, qu’ils soient négatifs (divorce, deuil, déménagement) ou positifs (mariage, naissance d’un enfant, promotion),  un déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle, ou des difficultés financières peuvent fragiliser notre santé mentale.

L’interaction de tous ces facteurs crée un terrain propice à la dépression. C’est pourquoi une prise en charge efficace doit tenir compte de tous ces aspects : biologiques, professionnels et personnels.

Comment faire reconnaître une dépression liée au travail ?

Faire reconnaître officiellement une dépression liée au travail implique plusieurs démarches administratives et médicales. Cela permet de bénéficier d’une protection et d’une prise en charge adaptées.

Le diagnostic

Notre médecin évalue selon les critères de la Haute Autorité de Santé : intensité des symptômes, durée (minimum deux semaines), impact quotidien et facteurs professionnels.

La dépression peut être légère (activités maintenues), modérée (impact social/professionnel) ou sévère (difficultés majeures avec les activités essentielles).

La reconnaissance en maladie professionnelle

La démarche commence par l’établissement d’un certificat médical initial détaillé.

On doit ensuite faire une déclaration auprès de la CPAM et constituer un dossier démontrant le lien entre notre travail et l’apparition de la dépression. Il est recommandé que le médecin traitant se mette, avec notre accord, en contact avec son médecin du travail ou celui d’une consultation de pathologie professionnelle.

Cette reconnaissance nous offre une meilleure prise en charge des soins, le maintien de notre salaire pendant l’arrêt et une protection renforcée de notre emploi.

L'inaptitude au poste

Le médecin du travail procède à au moins deux examens médicaux espacés de 15 jours maximum, étudie notre poste et nos conditions de travail, puis échange avec notre employeur sur les possibilités d’aménagement.

L’inaptitude temporaire nous permet de nous soigner avec la perspective de reprendre notre poste, tandis que l’inaptitude définitive est prononcée si le retour au même poste risque d’aggraver notre état.

Notre employeur doit alors chercher des solutions de reclassement ou procéder à un licenciement avec des indemnités spécifiques.

Le soutien disponible

Le médecin du travail peut proposer :

  • Des aménagements du poste
  • Un temps partiel thérapeutique
  • Une réorientation professionnelle

En cas de difficultés, on peut contacter :

  • La Commission de Recours Amiable
  • Le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale
  • L’inspection du travail
  • Les syndicats et associations de défense

Une équipe nous accompagne : médecin traitant (coordination), psychiatre (thérapie), assistants sociaux (administratif) et représentants du personnel (droits).

La psychothérapie : retrouver son équilibre professionnel

La psychothérapie fait partie des traitements essentiels de la dépression, particulièrement dans les formes légères à modérées.

Plusieurs approches ont démontré leur efficacité :

La thérapie cognitive et comportementale (TCC), particulièrement adaptée à la dépression, nous aide à :

  • Identifier et comprendre nos schémas de pensée négatifs
  • Apprendre des techniques concrètes de gestion des émotions
  • Développer des stratégies pour faire face aux situations difficiles
  • Retrouver progressivement confiance en nous

La thérapie interpersonnelle se concentre sur l’amélioration de nos relations et la gestion des conflits.

Elle nous aide à :

  • Mieux comprendre nos difficultés relationnelles
  • Améliorer notre communication
  • Renforcer notre réseau de soutien
  • Gérer les changements dans notre vie

Les antidépresseurs : quand et comment les utiliser ?

Les antidépresseurs peuvent parfois être nécessaires, particulièrement dans les dépressions modérées à sévères. Ces médicaments :

  • Aident à rééquilibrer notre chimie cérébrale
  • Atténuent progressivement les symptômes dépressifs
  • Commencent à agir après 2 à 4 semaines de traitement
  • Sont prescrits pour une durée déterminée par le médecin

Il est important de noter que :

  • Les antidépresseurs modernes ne créent pas de dépendance
  • La posologie est adaptée à chaque personne
  • Un suivi médical régulier est nécessaire
  • Les effets secondaires, s’ils surviennent, sont généralement temporaires

Peut-on continuer à travailler sous antidépresseurs ?

Oui, il est tout à fait possible de travailler sous antidépresseurs.

Cependant, les premières semaines de traitement nécessitent quelques précautions.

Les effets secondaires (somnolence, difficultés de concentration) sont plus présents au début et s’estompent généralement après quelques semaines.
Pour faciliter cette période d’adaptation :

  • Le médecin peut proposer un arrêt de travail temporaire
  • Les doses sont souvent augmentées progressivement
  • Le traitement débute parfois pendant un week-end ou des congés
  • Un suivi régulier permet d’ajuster le traitement si nécessaire
  • Il convient d’informer la médecine du travail pour que les effets de la dépression et des traitements soient pris en compte dans le poste de travail.

L'approche combinée

Dans de nombreux cas, la combinaison de la psychothérapie et des médicaments offre les meilleurs résultats. Cette approche permet de :

  • Soulager les symptômes grâce aux médicaments
  • Développer des outils durables avec la psychothérapie
  • Prévenir les rechutes sur le long terme
  • Construire une solution adaptée à nos besoins

L’essentiel est de ne pas rester seul·e face à la dépression et d’accepter l’aide dont nous avons besoin, qu’elle soit thérapeutique, médicamenteuse ou les deux.

L'arrêt de travail : quand est-ce nécessaire ?

Se voir prescrire un arrêt de travail est une décision qui suscite souvent de nombreuses inquiétudes : peur du jugement des collègues, crainte pour notre carrière, culpabilité de « laisser tomber » l’équipe…

Pourtant, cette pause peut s’avérer indispensable pour nous reconstruire et éviter l’aggravation de notre état de santé.

Quand envisager un arrêt de travail ?

Plusieurs signes doivent nous alerter sur la nécessité d’un arrêt :

  • Des erreurs inhabituelles qui se multiplient malgré notre expérience
  • Des symptômes physiques qui s’intensifient à l’approche du travail
  • Le début d’un traitement nécessitant une période d’adaptation
  • Une fatigue qui persiste malgré les repos et congés

Si ces signaux se manifestent de manière persistante, il est important d’en parler à notre médecin traitant. Il pourra évaluer avec nous la nécessité d’un arrêt et sa durée.

Quelle durée prévoir ?

La durée d’un arrêt pour dépression varie généralement entre 2 et 6 mois, mais il n’existe pas de règle universelle.

Cette durée dépend de plusieurs facteurs : la sévérité de la dépression, notre rythme de récupération, l’efficacité du traitement mis en place, la nature de notre travail, et les aménagements possibles pour le retour.

L’important est de prendre le temps nécessaire pour une guérison durable, plutôt que de précipiter le retour au risque d’une rechute.

Comment gérer la période d'arrêt ?

Pendant l’arrêt maladie, le suivi médical occupe une place centrale.

Des consultations régulières avec notre médecin traitant, des séances de psychothérapie, et des visites auprès du médecin du travail jalonnent cette période.

Ces rendez-vous nous permettent d’ajuster le traitement si nécessaire et de préparer progressivement le retour.

La relation avec l’employeur demande aussi une attention particulière. Il est conseillé de maintenir un contact minimal, via le manager ou les RH, et de transmettre les prolongations d’arrêt dans les délais.

Il est important de s’informer sur nos droits pendant l’arrêt maladie, de veiller à l’envoi des documents à la Sécurité Sociale, et de comprendre les implications sur notre salaire.

Des dispositifs d’accompagnement existent souvent : ne pas hésiter à se renseigner auprès des services sociaux ou des représentants du personnel.

Préparer son retour au travail

Se tenir informé des changements importants dans l’entreprise peut faciliter le retour, mais sans nous mettre la pression ni culpabiliser de prendre ce temps pour nous soigner.

Une visite de pré-reprise avec le médecin du travail permet d’envisager les meilleures conditions de retour, comme un temps partiel thérapeutique ou des aménagements du poste.

C’est aussi le moment de réfléchir à nos limites et nos besoins pour un retour serein.

Cette période d’arrêt, bien que difficile, représente une étape importante dans notre processus de guérison. Elle nous permet de nous concentrer pleinement sur notre rétablissement et de construire les bases d’un retour au travail plus serein.

Que Devez-vous Retenir ?

J’espère que vous avez désormais toutes les clés pour répondre à cette question : « Comment gérer une dépression liée au travail ? »

La dépression professionnelle est une maladie sérieuse qui touche environ 15% des Français·es au cours de leur carrière. Si elle peut sembler insurmontable, il existe des solutions concrètes et efficaces pour en sortir, qu’il s’agisse de psychothérapie, de traitement médicamenteux ou d’aménagements professionnels.

N’oubliez pas que prendre soin de sa santé mentale n’est pas un signe de faiblesse mais de lucidité. Que vous soyez en arrêt maladie ou en cours de traitement, chaque étape compte dans votre processus de guérison.

La dépression au travail n’est pas une fatalité, et vous n’êtes pas seul·e face à cette épreuve. De nombreux professionnels de santé, dispositifs d’accompagnement et droits existent pour vous aider à retrouver un équilibre professionnel. 🌱

Geoffrey_Post_Psychiatre_Feel

Médecin psychiatre, spécialiste des Thérapies Cognitives et Comportementales et rattaché au Service de Santé des Armées (Grand Est).

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