Dépression et Prise de Poids : Antidépresseurs et Alimentation
Découvrez comment mieux gérer votre poids en cas de dépression : que manger, l’impact du traitement…
Elise Hamon
La dépression peut s’accompagner d’une prise de poids qui peut sembler inexpliquée et incontrôlable.
Cette situation crée souvent un cercle vicieux : La prise de poids aggrave les symptômes dépressifs, qui à leur tour favorisent la prise de poids.
Heureusement, il existe des solutions concrètes pour retrouver un équilibre physique et psychologique.
Feel vous accompagne, pas à pas, avec des exercices validés scientifiquement pour reprendre confiance en vous, suivre vos émotions et prévenir les rechutes.
Oui, la dépression provoque souvent une prise de poids. Les études montrent qu’une aggravation des symptômes dépressifs correspond à une prise de poids moyenne de 45 grammes par point d’intensité. Cette prise de poids n’est pas de notre faute mais résulte de mécanismes biologiques complexes.
La dépression modifie notre corps de trois façons : elle augmente la production de cortisol qui favorise le stockage des graisses, perturbe nos hormones de l’appétit (on a plus faim et moins de satiété), et nous pousse vers une alimentation émotionnelle riche en sucres et graisses réconfortants.
Certains antidépresseurs peuvent effectivement faire prendre 2 à 7 kilos sur un an, notamment les antidépresseurs tricycliques (Anafranil), certains ISRS comme la paroxétine (Deroxat), la mirtazapine (Norset) ou la quétiapine (xeroquel).
Cependant, tous les antidépresseurs n’ont pas cet effet et les bénéfices du traitement dépassent cet inconvénient.
Pendant une dépression, il ne faut pas chercher à maigrir, mais à guérir. Toutefois, pour stabiliser son poids, on peut : structurer ses repas à heures fixes, boire suffisamment d’eau, privilégier les aliments riches en oméga-3, et surtout éviter les régimes restrictifs qui aggravent la dépression.
Oui, l’activité physique est très efficace contre la dépression et aide à maintenir un poids stable. Elle peut réduire les symptômes dépressifs de 40 à 50%. On peut commencer par de courtes marches de 5-10 minutes par jour et augmenter progressivement selon nos capacités.
Il faut consulter rapidement si on prend ou perd plus de 5% de son poids en un mois, si on développe des pensées obsédantes sur son poids, si on s’isole socialement à cause de son apparence, ou si la fatigue persiste malgré un sommeil suffisant.
Une prise en charge coordonnée est idéale : un médecin ou psychologue pour traiter la dépression, et un nutritionniste pour l’accompagnement alimentaire sans jugement. Ces professionnels travaillent ensemble pour nous aider à retrouver un équilibre global entre corps et esprit.
On remarque un lien étroit entre la dépression et la prise de poids.
En effet, une augmentation d’un point sur l’échelle PHQ-9 (un questionnaire standardisé évaluant la sévérité des symptômes dépressifs sur une échelle de 0 à 27) correspond en moyenne à une prise de poids de 45 grammes.
Mais pourquoi la dépression nous fait-elle prendre du poids ?
Le questionnaire PHQ9 est utilisé pour le dépistage et la mesure de la gravité de la dépression chez les adolescent·es et les adultes.
D’abord, la dépression bouleverse notre système endocrinien, c’est-à-dire l’ensemble des glandes qui produisent nos hormones. En particulier, notre corps se met à produire beaucoup plus de cortisol, qu’on appelle souvent « l’hormone du stress ».
Quand cette production reste élevée pendant des mois :
Cependant, ces mécanismes hormonaux varient selon le type de dépression et le sexe de la personne.
Vous connaissez peut-être ces moments où l’on se jette sur le chocolat ou les chips quand ça ne va pas ? C’est ce qu’on appelle l’alimentation émotionnelle.
Notre cerveau nous pousse vers les aliments réconfortants, riches en sucres et en graisses, car ils stimulent la production de sérotonine, notre « hormone du bien-être ».
De plus, la dépression entraîne une diminution des activités quotidiennes. On brûle donc moins de calories alors qu’on en consomme peut-être plus.
L’augmentation de l’appétit doit faire suspecter un trouble bipolaire ou un trouble de la régulation émotionnelle associé.
Notre corps possède deux hormones qui régulent notre appétit : la leptine et la ghréline.
La dépression peut perturber l’équilibre de ces hormones : la leptine fonctionne moins bien, tandis que la ghréline peut être produite en excès.
Résultat ? On a plus souvent faim et on a du mal à se sentir rassasié.
Certains antidépresseurs peuvent effectivement faire prendre du poids avec une moyenne comprise entre 2 et 7 kilos sur un an.
Les antidépresseurs les plus susceptibles de faire prendre du poids sont :
Attention toutefois !
Il est essentiel de bien comprendre que :
Si la prise de poids devient préoccupante, il existe des solutions, à voir impérativement en concertation avec votre médecin prescripteur :
⚠️N’essayez jamais de modifier vous-même votre dosage ou d’arrêter brutalement votre traitement. Votre médecin est là pour vous accompagner et adapter votre traitement en fonction de vos besoins et préoccupations.
Il est possible de prendre soin de sa santé physique même pendant un épisode dépressif, grâce à des changements doux et sans pression.
L’activité physique joue un rôle essentiel, tant pour l’humeur que pour le contrôle du poids. Elle agit comme un antidépresseur naturel en stimulant la production d’endorphines et en régulant les hormones du stress.
En effet, il a été prouvé qu’une activité physique régulière peut réduire les symptômes dépressifs de 40 à 50%, tout en contribuant au maintien d’un poids stable.
Pour commencer en douceur, sans se décourager, on peut :
Dans certains cas, l’activité physique adaptée (APA) peut être prescrite par votre médecin, ce qui permet un accompagnement par des professionnels.
L’essentiel est de ne pas culpabiliser si certains jours sont plus difficiles que d’autres. Chaque petit pas compte et contribue à améliorer progressivement notre bien-être physique et mental.
Certains signes doivent nous alerter et nous inciter à consulter rapidement :
La prise en charge optimale nécessite souvent l’intervention coordonnée de plusieurs professionnels :
J’espère que vous avez désormais toutes les clés pour comprendre le lien entre dépression et prise de poids, ainsi que les moyens d’agir sur ces deux aspects de manière bienveillante.
Si vous traversez cette situation difficile, sachez que la prise de poids en période de dépression n’est pas de votre faute. Elle s’explique par des mécanismes biologiques et hormonaux complexes, et peut être influencée par certains traitements antidépresseurs.
Rappelez-vous qu’il existe des solutions concrètes et progressives pour prendre soin de votre corps tout en soignant votre esprit. L’important n’est pas d’atteindre un objectif de poids précis, mais de retrouver un équilibre global, à votre rythme et sans pression excessive.
Les changements durables se font en douceur : une petite marche quotidienne, des repas plus structurés, une meilleure hydratation… Chaque petit pas compte et mérite d’être valorisé.
N’oubliez pas : vous n’avez pas à gérer cela seul·e. Des professionnels de santé sont là pour vous accompagner dans cette double prise en charge, avec bienveillance et sans jugement. 🌱
Feel vous accompagne, pas à pas, avec des exercices validés scientifiquement pour reprendre confiance en vous, suivre vos émotions et prévenir les rechutes.
Médecin psychiatre, spécialiste des Thérapies Cognitives et Comportementales et rattaché au Service de Santé des Armées (Grand Est).
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